Le peuple suisse se prononcera le 13 juin prochain sur la loi Covid-19, le référendum ayant abouti avec plus 90’000 signatures. Cette loi fournit les bases légales nécessaires aux mesures de soutien financier accordées à de nombreux secteurs de l’économie en ces temps de pandémie. Elle permet aussi notamment au Conseil fédéral la prise en charge du coût des tests par le Conseil fédéral.
Abroger cette loi n’empêchera nullement le Conseil fédéral de maintenir des mesures de restrictions puisque celles-ci trouvent leur fondement dans la loi sur les épidémies. Cette dernière a été adoptée en votation populaire par 60% de la population en 2013.
Le comité référendaire « Les amis de la Constitution » écrit que « la loi Covid est une catastrophe pour la liberté ». Les référendaires s’en prennent en réalité, non à la loi covid-19, mais à la politique sanitaire du Conseil fédéral.
Le référendum permet à l’ensemble du corps électoral de se prononcer à propos de l'adoption d’une loi. Il a pour fonction de permettre la délibération collective par l’échange d’arguments contradictoires. Or pour qu’une discussion soit possible, encore faut-il s’accorder sur ce dont on discute. Sans ça, la discussion est impossible et le référendum cesse d’être une délibération pour devenir un dialogue de sourds.
Cette manière d’instrumentaliser un outil démocratique à des fins de protestation est non seulement contre-productive mais, plus grave, pourrait affaiblir notre démocratie à moyen terme. De nombreux pays font un usage parcimonieux du référendum car celui-ci consiste, dans la représentation que s’en font les électeurs, en un vote pour ou contre le gouvernement en place. Si tel devait aussi devenir le cas dans notre pays, tout le monde serait perdant. Notre pays serait alors moins démocratique qu’il ne l’est aujourd’hui faute pour le référendum de remplir sa véritable fonction.
Soyons clair : il est tout à fait légitime de s’opposer à toute loi par le biais du référendum, y compris à la loi Covid-19. Toutefois, détourner le référendum comme le font les référendaires est révélateur de la piètre idée que ces derniers se font de la démocratie en tant qu’institution chargée de la délibération collective.